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Dépendre de Dieu avec nos ressources financières : ma force avec peu d’argent

Le texte suivant est inclus dans le livre Elles ont vu la fidélité de Dieu, édité par Angie Velasquez Thornton et écrit par 16 femmes dont le témoignage est percutant!





Que nous souffrions de pauvreté, d’exil, d’emprisonnement, de mépris, de maladie, d’infécondité ou autre, rappelons-nous que rien n’arrive en dehors du plaisir et de la providence de Dieu, et que Dieu lui-même ne fait rien qui ne soit parfaitement ordonné[1]. Jean Calvin

Je me rappelle le minuscule marché où, pour la première fois, ma carte de débit a été refusée. Nous venions de faire l’achat d’une maison, j’étais enceinte de notre deuxième fille et la dépression planait sur moi comme une ombre envahissante. Je ne voulais pas que nous achetions cette maison. Elle était vraiment cute[2], elle avait tous les attributs pour me plaire, mais elle avait un petit vice qui me faisait peur. Bien qu’elle soit peu dispendieuse, je savais que son hypothèque était trop élevée pour nous. À l’époque, mon mari travaillait comme missionnaire pour une organisation évangélique et il devait réunir son soutien personnel pour œuvrer à temps plein. Il avait réussi assez rapidement à lever des fonds, mais ils étaient insuffisants pour couvrir les dépenses de notre petit foyer.


Le son du terminal sur lequel j’effectuais le paiement de mes achats de nourriture était horrible à entendre pour moi. Le mot « refusé » s’affichait sur l’écran et j’avais l’impression que tout le magasin le savait. Je redoutais le regard de la caissière que j’évitais à tout prix. J’avais pourtant acheté le minimum pour notre semaine. J’avais choisi les articles les moins chers. J’avais fait tout ce que je pouvais, mais ce n’était pas adéquat selon l’écran de la machine. La gestion de notre budget n’était pas suffisante. Et je désespérais de trouver des solutions ! Par moi-même, je voulais réussir à sacrifier suffisamment mes désirs et même mes besoins pour gérer l’argent que je savais venir de Dieu.


Cette première fois fut le début de plusieurs autres événements de ce genre qui ont perduré quelques années. Plusieurs questions se bousculaient en moi, parfois avec un sentiment de découragement ou d’autres fois avec un sentiment de peine ou de rage. Étions-nous de mauvais intendants, mon mari et moi ? Est-ce que Dieu nous punissait à cause de nos mauvais choix ? Avions-nous acheté cette mignonne mais simple maison contre la volonté de Dieu ? Dieu avait sûrement une leçon extraordinaire à nous enseigner par cette souffrance, mais il m’a fallu quelque temps pour la comprendre et l’accepter.


Notre faiblesse, l’argent


Il est indéniable que l’humain est soit attiré par l’argent soit repoussé par lui. J’ai rencontré certaines personnes qui voulaient vivre simplement, de façon frugale, sans dépenser outre mesure. Elles étaient si obsédées par les coupons, les rabais, le minimalisme, qu’elles passaient plus de temps à réfléchir à leur façon d’économiser l’argent qu’à l’apprécier ou à redistribuer les ressources que Dieu leur donnait. D’un autre côté, d’autres familles dépensent trop. Elles vivent au-dessus de leurs moyens et ne cherchent pas vraiment à être des intendants de ce qui appartient d’abord à Dieu et à chercher sa volonté pour leurs dépenses. Des gens sont riches, d’autres vraiment pauvres. Plusieurs ont des budgets moyens, mais ne sont pas épargnés par les doutes qu’occasionne l’argent. Certains ont l’ambition d’en obtenir davantage, d’autres préfèrent ignorer les opportunités qui s’offrent à eux de l’utiliser pour faire du bien autour d’eux. Quelques-uns sont généreux et cherchent à plaire à Dieu dans ce domaine. D’autres sont misérables, comme je l’étais, lorsque l’épreuve survient.


À un moment ou à un autre, nous nous situons entre ces extrêmes et tentons de garder la tête hors de l’eau. Il est évident que l’argent est une faiblesse qui s’empare même des plus attentifs. Aussitôt que nous en avons ou que nous en sommes dépossédés, il s’immisce dans notre esprit, il accapare nos pensées et il peut nous éloigner de Dieu. Jésus avait bien raison de nous avertir comme il l’a fait à maintes reprises :


Nul ne peut être en même temps au service de deux maîtres, car ou bien il détestera l’un et aimera l’autre, ou bien il sera dévoué au premier et méprisera le second. Vous ne pouvez pas servir en même temps Dieu et l’Argent. Matthieu 6.24

Dans cette situation, je me sentais aveuglée par notre manque d’argent. Bien sûr, je priais tous les jours, surtout avant d’entrer au marché ! Je voulais sincèrement faire confiance à mon Père céleste, mais ma peur envahissait toute ma raison. J’avais si honte de devoir laisser tous les articles de ma commande que les commis devraient remettre en rayon. J’étais humiliée de refuser de manger au restaurant avec mes amies. J’étais gênée d’annoncer à ma famille que je devais diminuer la quantité de cadeaux à acheter à mes neveux et nièces pour Noël. Je refusais dans mon cœur, avec colère, de me priver d’aller à certains endroits pour économiser l’essence. Je ne pouvais me résigner à garder la couche de mes enfants une heure de plus, pour réduire les dépenses. Je ne comprenais pas pourquoi des serviteurs comme nous, qui avions choisi de mettre de côté une carrière prometteuse (mon mari travaillait dans la vente avant le ministère), devions nous soumettre à de telles restrictions.


Et pourtant, je ne réalisais pas que tous les croyants, missionnaires ou non, doivent suivre Jésus selon leur situation et lui faire confiance. Je comprenais très bien qu’en tant que chrétienne, j’aurais des épreuves à vivre et qu’en tant que femme de missionnaire et éventuellement femme de pasteur, notre salaire serait moins élevé que la moyenne. J’acceptais de me restreindre et de couper dans toutes les dépenses, mais je refusais que mes efforts soient vains. Je refusais que mes restrictions personnelles, celles que je voulais faire de bon cœur, ne soient pas suffisantes. Je voulais choisir les sacrifices à faire. Inconsciemment, je refusais de porter la croix que Dieu avait choisie pour moi. J’avais perdu de vue que Jésus était tout ce dont j’avais besoin.


Lorsque Dieu ordonne


Je n’étais pas libre de dépenser selon nos besoins et je n’étais pas libre non plus de me restreindre. Je me souviens du nœud dans le ventre qu’avait généré en moi le désir d’acheter un simple plat décoratif pour déposer mes fruits sur le comptoir. J’étais si hésitante que je n’ai rien acheté, même si j’avais assez d’argent cette fois-là pour me le procurer. Je me sentais prisonnière. Aussi, je me croyais pieuse lorsque je faisais des sacrifices plus importants que la plupart des gens, mais je fulminais sans limites lorsque Dieu me demandait de refuser à mon cœur une activité qui m’était précieuse ou de renoncer à certains achats habituels.


Nous avons essayé plusieurs méthodes de gestion de notre argent. Nous avons vécu sans carte de crédit durant plusieurs années. Nous avons suivi à la lettre telle sorte de budget. Nous avons utilisé telle application sur nos téléphones pour mieux voir les entrées et sorties d’argent. Le problème ne se situait pas dans les solutions, mais plutôt dans l’état de mon cœur. Je refusais de subir cette épreuve selon les termes de Dieu, de lui faire non seulement confiance, mais aussi de voir au-delà de l’épreuve et d’écouter Dieu à travers ces années difficiles.


La veuve de Sarepta qui a nourri le prophète Élie par un miracle de Dieu est un bel exemple des émotions qui surviennent souvent dans le domaine de l’abondance et de la pauvreté. Lorsqu’Élie vient lui demander de la nourriture, le pays est en grande sécheresse et cette femme est veuve, donc sans ressource pour subvenir à ses propres besoins. Elle répond à Élie exactement comme je l’aurais fait et lui explique qu’elle ne peut l’aider. Mais ce qui est intéressant, ce sont les paroles que Dieu a prononcées avant qu’Élie ne se rende chez la femme : « J’ai ordonné à une veuve de là-bas [Sarepta] de pourvoir à ta nourriture » (1 Rois 17.9b). Dieu affirme au prophète qu’il prendra soin de ses besoins. Et c’est ce qu’il me répète aussi à de nombreuses reprises dans sa Parole et dans mes moments avec lui tous les jours. Dieu prend soin. Il ordonne ! Il orchestre tout ! Il me soutient, même lorsque je ne le vois pas. Dieu a veillé aux besoins de son prophète, mais aussi à ceux de la veuve et de son fils.


Une fois que la veuve a obéi, le miracle de la multiplication de la farine et de l’huile se produit, mais un autre désastre survient qui dévoile clairement les doutes de la veuve. Le fils de la femme meurt. L’état de son cœur se révèle lorsqu’elle critique Élie et reconnaît dans sa déclaration qu’elle ne connaît pas Dieu. Elle croit que son fils est mort à cause de ses propres péchés (v. 18). En critiquant Élie, elle montre par ses paroles qu’elle n’accepte pas la situation venant de Dieu. Littéralement, elle blâme Dieu lui-même.


Je ne veux pas minimiser la souffrance de cette pauvre femme. En lisant les quelques lignes bibliques sans réelle description du cheminement et des émotions des personnages, il est facile pour nous d’avoir des réflexions moralisantes sur l’état du cœur de la veuve. La suite de l’histoire nous montre que, quelques secondes après la prière du prophète, l’enfant revient à la vie. Néanmoins, nous percevons dans ces paragraphes ses difficultés profondes. À ce moment de l’histoire, la veuve ne reconnaît pas la main de Dieu. Elle ne cherche pas son soutien et sa force pour traverser cette épreuve. Elle n’est pas prête à voir au-delà de sa souffrance.


Avec plusieurs raisons valables à l’appui, lorsqu’elle voit son fils sans vie, elle désapprouve le prophète. Le texte ne le dit pas, mais nous avons toutes les raisons de penser que la veuve a vécu un revirement d’attitude suite à la résurrection de son enfant. Je donne cet exemple non pour critiquer cette femme, mais pour mettre en lumière le fait que la disposition de cœur décrite au v. 18 était la mienne lorsque j’expérimentais la disette. C’est peut-être aussi la vôtre quand vous traversez des difficultés financières.


Notre force, c’est Jésus lui-même


Je ne sais pas pourquoi Dieu permet qu’une famille doive se restreindre et qu’une autre bénéficie d’une grande richesse. C’est lui qui décide si la farine sera multipliée ou non. Il invente toutes sortes de façons pour nous apprendre la patience, que l’on soit riche ou pauvre. Mais notre joie doit dépendre de Jésus lui-même. Son incomparable plan pour notre salut éternel immérité est suffisant pour nous éblouir indéfiniment. Pour y arriver, il faut puiser notre force en lui.


Ce que je ne vous ai pas raconté au début de mon histoire, ce sont toutes les fois où Dieu a pourvu. Lorsqu’il nous a envoyé de l’argent par l’entremise d’un ami. Lorsqu’il a « ordonné » à un membre de notre famille de payer nos courses au complet – plusieurs fois, lorsqu’une femme nous a acheté un lave-vaisselle, une autre un divan, une autre un congélateur, une autre une cuvette de toilette. Dieu a « ordonné » que je sois la bénéficiaire de ces grâces, parce qu’il le voulait bien, parce qu’il l’a promis. Toute la Bible enseigne que Dieu prend non seulement soin du nécessaire mais aussi de notre âme.


Dans la tempête, lorsqu’ils essayaient de traverser le lac, les disciples avaient peur et cherchaient des solutions. Mais Jésus leur a donné la seule réponse nécessaire : « Rassurez-vous, leur dit-il, c’est moi » (Marc 6.50). Comme à Moïse qui refusait de se présenter devant le Pharaon, Dieu a indiqué la seule chose à considérer : « Je suis celui qui est » (Exode 3.14), depuis le début de l’éternité et jusqu’à la fin. Il est tout. Il est la solution à tout.


Moi, je suis l’Éternel et, en dehors de moi, il n’est pas de Sauveur. Ésaïe 43.11

Jésus, qui a envoyé les disciples dans la tempête, était tout ce dont ils avaient besoin. C’est lui qui nous envoie aujourd’hui encore dans les tempêtes de la vie telle que les crises financières. C’est lui qui connaît chaque vague qui semblera nous submerger, non pour nous anéantir parce qu’il est juge, mais pour se révéler à nous. Il sait que notre tendance humaine est d’être davantage à l’écoute lors des difficultés.


Souvenez-vous que notre foi est toujours à son plus haut point lorsque nous nous trouvons au milieu de l’épreuve[3].

Jésus est le Sauveur dont nous avons besoin pour gérer notre argent. Il est celui qui peut nous montrer comment le faire, mais surtout il nous enseigne comment nous accrocher à lui durant les temps d’incertitude, à lui qui a arrêté la tempête et multiplié la farine. Il était avec les disciples et avec Élie. Il était avec moi lors de chaque transaction refusée et il a multiplié sa grâce parce qu’il était là. Il était suffisant. Il est là encore aujourd’hui, avec vous.


Lorsque Jésus est au centre de chaque dépense ou restriction, cela produit en nous un sentiment de contentement, de satisfaction. Chercher Jésus à travers notre condition nous permet de réfléchir au-delà de ce que nous vivons et d’entrevoir que notre situation est incrustée dans l’histoire de l’humanité. Lorsque nous laissons Dieu changer notre cœur et notre perceptive, même lorsque la crainte se saisit de notre bonne volonté, Dieu atténue nos doutes. Il renforce notre foi. Il enlève nos œillères et élargit notre vision du monde. Il se révèle. Il nous permet de voir Celui qui est.


La phrase suivante se retrouve souvent sur les pages de mon journal intime rédigées à cette période : « Je veux te trouver Jésus. Révèle-toi à moi. Pardonne-moi de trop me voir moi et de te voir flou ». Ma seule force durant ces années de disette était Jésus. Parce que je savais que chaque sou (centime) venait de lui et que chaque dollar que je n’avais pas était quelque part ailleurs, sous son contrôle parfait. Et parce que je savais qu’il ordonnerait à quelqu’un de me bénir, jusqu’au jour où je le laisserais agir dans ma vie pour bénir une personne en retour.


En Luc 4.26, Jésus nous parle de la veuve de Sarepta, elle dont l’attitude reflétait parfaitement la mienne. Il nous la présente dans un contexte particulier qui concerne son rejet de la part des Juifs. En indiquant qu’Élie n’avait pas été envoyé vers les veuves juives, mais bien vers cette veuve précise, une païenne, Jésus insinue peut-être qu’elle a finalement cru et changé d’attitude envers l’Éternel, le Dieu d’Élie. Et c’est exactement ce qu’il souhaite pour nous aujourd’hui. Il permet la difficulté (imaginez, la mort du fils de la veuve !) pour que nous placions notre foi en lui seul.


Je devais choisir de tout lui laisser. Bien souvent, je vivais de l’incompréhension, mais mon plus grand désir était de lui faire confiance. Lorsque j’ai abandonné mon impulsion de contrôle, mon refus de me restreindre et que j’ai plié le genou, la grâce a surabondé. Parce que c’est le plan de Dieu pour tous ses enfants. Il veut notre cœur. Malgré sa compassion pour nos souffrances, il n’a pas peur de nous retirer nos ressources et de nous inviter à vivre à l’image de Christ qui lui-même s’est rendu pauvre (2 Corinthiens 8.9) pour obtenir notre être entier. Parce qu’il nous aime sans condition, il sait que certains d’entre nous doivent vivre des privations pour aller à lui. Que nous soyons riches, pauvres ou entre les deux, Dieu veut toujours nous amener à lui. L’important est d’être à son écoute, peu importe notre situation. Faire ce choix intentionnel de chercher « Celui qui est » détruira notre idole de l’argent.


Ma carte de débit a été refusée plus de fois que je ne peux me le rappeler, mais le plus précieux pour moi n’est pas de constater que cette situation ne m’arrive plus maintenant. Le miracle est le processus par lequel Jésus s’est révélé à moi. Je me rappelle une fois où je suis entrée au Maxi (supermarché économique au Québec) en disant au Seigneur que je souhaitais faire sa volonté. C’est cette prière qui importe le plus, le fait d’accepter l’épreuve et de voir Jésus à travers chaque moment difficile. Je ne me souviens plus si je suis ressortie avec tous les articles de ma liste cette fois-là, mais je me rappelle le sentiment de paix et de confiance que j’ai ressenti. C’est ça le miracle ! Il était avec moi, en moi. Et j’étais en lui, en paix.



[1] Jean Calvin, A Little Book on the Christian Life, Sanford (FL): Ligonier Ministries, Michigan, 2017, p. 83.

[2] NDE : c’est ainsi que l’on dit « mignon » en québécois.

[3] Lettie Burd Cowman, Comme des courants d’eau dans le désert, Nîmes : Vida, 2005, p. 358.

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