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Les pantoufles blanches de ma mère

Les claquements se faisaient plus fort. Clac, clac, clac. Mais pas des claquements longs, plutôt des centaines de claquements à la minute. Courts, rapides, déterminés. Clac, clac, clac, clac.

Ma mère descendait l’escalier. Et ces glorieuses pantoufles blanches à talons rigides n’avaient pas le choix de suivre. (Ma mère et moi ne mesurons pas 5 pieds, mais je vous assure que la grandeur n’a rien à voir avec la détermination! Courtes, rapides, déterminées!)

Clac, clac, clac. Fiou, elle remonte l’escalier. J’ouvre la lumière que j’avais rapidement fermée. Clac, clac, clac, clac. Elle redescend. Vite, ma chambre située au fond du sous-sol replonge dans l’obscurité. Je me recouche doucement pour ne pas éveiller de soupçons. Clac, clac, clac, clac. Elle remonte. Puis redescend, encore.

Je ne me souviens plus dans quel livre mes pensées s’étaient égarées, mais je me rappel se dilemme : « mais pourquoi elle redescend encore? ».

En effet, tous les soirs, ma soeur et moi, nous commencions ou terminions l’un des nouveaux livres que ma mère venait d’acheter. Souvent, je lisais rapidement, car impossible de déposer ces pages sans connaître le dénouement de l’intrigue de l’heure. Notre passe-temps, à ma soeur et moi : la lecture. Et ce depuis longtemps.

Des livres, je ne les ai jamais comptés, mais j’estime en avoir au moins 300. Et j’essaie chaque année de réaménager mes bibliothèques encombrées, sans succès. À tous les ans, de nouveaux s’ajoutent et peu sont jetés ou donnés.

Dernièrement, je songeais sérieusement à me procurer l’un de ces gadgets de liseuses électroniques. Mais l’objet qu’est un livre me fascine. Son odeur, sa dimension, son papier, son écriture, sa couleur. L’action de tourner les pages, d’y écrire mes réflexions, de souligner les passages importants m’empêche de changer de méthode. J’aime les livres, tout simplement. Un jour, je n’aurai peut-être pas le choix! Mais pour l’instant, je chéris ces petits cadeaux de Dieu et je fatigue mes yeux à connaître d’avantage les auteurs qui les ont écrit.

Clac, clac, clac, clac. Elle remonte finalement. Le claquement se fait un peu plus lent. Après avoir monté et descendu plusieurs fois nos escaliers, je suis bien intriguée. Le lendemain matin, je lui demande ce qu’elle faisait la veille. Elle me répond : « je faisais de l’exercice! ».

Ce fut le dernier soir qu’elle tenta de se mettre en forme de cette façon. Je crois qu’elle avait trop hâte de connaître la suite de l’histoire du livre qui attendait sur sa table de chevet.

Ses pantoufles ont dû attendre : tout près du lit.

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