Six heure arriva trop vite, mais je me lève. J’éteins le cadran. Je m’assois et j’essuie mes yeux croutés. J’allume la lumière. J’écoute le silence. Je prends ma Bible, mon journal, mes crayons et mon livre de recueil de prière. Je prends quelques instants pour demander à Dieu de me diriger dans mon temps avec lui. Tout est calme et tranquille, sauf lorsque le chien bouge dans sa cage tout près.
Les filles se lèvent et vont jouer. Elles savent que maman prie jusqu’à 7 h. Mais elles essaient toujours d’avoir une permission pour rester avec moi. Aussitôt 7 h, les filles surgissent, telle une horloge persistante. Je ne peux pas appuyer sur snooz.
Je sors Moka de sa cage, je l’a flatte un peu. Prépare le déjeuner des enfants, va à la salle de bain me préparer. La chicane, les cris, le chien. Jonathan est parti très tôt ce matin, avant l’aube. J’essaie donc de gérer, avec beaucoup d’impatience intérieure, la situation. Vite, il faut s’habiller. Faire le lit. Brosser les dents. Peigner les cheveux. Gérer les frustrations des cheveux mêlés. Nourrir le chien. Alors que j’avais mal au ventre, Rose se met à pleurer : elle ne veut pas aller à la pré-maternelle. La paix de Dieu semble loin de moi. Le matin doux et tranquille s’est vite évaporé. Il est tellement loin que je ne pense pas du tout à crier à Lui, je cris après mes enfants. « Vite Charlotte, tu vas être en retard. » J’essuie les larmes de Rose, démontrant un peu de compassion. Vite, le lunch. La collation. Le sac d’école. Enfin, 7 h 50, tout le monde est dans l’auto; le chien est dans la cage.
« Bye Charlotte, je t’aime, passe une belle journée ». Un petit flot de culpabilité essaie de m’attaquer, mais je le repousse. Pas le temps pour les regrets.
Arrivées à la pré-maternelle, ma cocotte s’agrippe à moi. Elle ne veut pas du tout y aller. Je discute avec sa professeur. Elle l’a prend. Et Rose pleure. Je pleure intérieurement. Et la culpabilité revient un peu plus fort. Je l’a repousse encore. C’est seulement un matin par semaine. Et de plus, ce moment sans enfant a pour but d’écrire pour la gloire de Dieu et aussi pour une petite pause du train train quotidien. Elle survivra. Je l’a laisse, lui donnant pleins de bisous.
La « belle » heure en la présence de mon Sauveur fut broyée par mon égoïsme et mon manque d’amour. Mon agenda était plus important que celui de Dieu. Consoler Rose, non par espoir qu’elle arrête de pleurer, mais par amour n’aurait prit que quelques minutes. Être en retard n’aurait pas été si grave, car la grâce aurait été démontrée. Pourquoi ne me suis-je pas arrêtée pour réaliser les dommages que je causais? Moi qui avait sincèrement prié, de tout mon coeur, quelques instants auparavant, que je Le glorifie en tous instants. Lamentable échec.
Pourtant, Dieu est au-dessus de mes échecs. Il surpasse tous mes manquements. Et il fera briller sa gloire malgré mes erreurs, au delà des cris et des aboiements de mes êtres chers.
Des temps précieux de silence devant Dieu sont importants pour apprendre qui il est, mais rien ne démontre mieux les motifs d’un coeur que sa réaction devant les frustrations de la vie. Heureusement, tous les matins ne sont pas aussi chaotiques.
Ma dépendance devant les imprévus est la clé pour dévoiler au monde la gloire de Dieu. Cette phrase est un peu théologie, mais tout autant pratique. Ma réaction devant la souffrance et les injustices démontre un caractère différent, surnaturel, gracieux. Et par le fait même, révèle la gloire de Dieu. L’homme (ou la femme!) ne peut pas agir de cette façon par lui-même, Dieu agit en lui pour que l’amour surpasse toutes les situations. Devant un événement, une situation, une injustice, ou une émotion, se tourner vers Dieu et réclamer sa puissance; se soumettre et faire confiance est tout autant difficile que libérateur.
Peut-être que demain matin sera différent? Mais peu importe les circonstances, je désire me placer sous la souveraineté et la protection de Dieu. Que mon coeur, ni le vôtre, ne se laisse prendre par les pièges de la vie. Qu’il s’appuie sur la providence du Sauveur.
En attendant la prochaine situation – qui arrivera très rapidement, c’est sûr – je vais aller demander pardon à Dieu et à mes filles.
Mon échec se terminera glorieusement finalement!
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