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Quelques larmes de reconnaissance

Photo du rédacteur: Rachel BergeronRachel Bergeron

Je me suis levée à 6 h ce matin-là, comme à l’habitude. J’ai lu quelques chapitres de ma Bible, passé quelques moments en prière en compagnie de Rose qui jouait tranquillement dans le salon avec notre chien. Puis vers 7 h, j’ai commencé à préparer le déjeuner et les lunchs. J’ai réveillé Charlotte et j’ai procédé aux tâches habituelles pour notre préparation matinale.  Les enfants ont quitté la maison vers 7 h 51 pour attendre l’autobus qui les embarquerait quelques minutes plus tard.

La tempête de rires et d’énergie passée, je range rapidement la cuisine, j’ouvre mes courriels, je réponds à quelques-uns, je coche quelques tâches dans l’application adaptée que nous utilisons au bureau, je me prépare une sublime tasse à café, puis je pars tranquillement pour le travail après que le trafic soit passé. Je suis bénie à ce point. 

Dans ma voiture, je démarre rapidement le chauffage qui fait un bruit de fond apaisant. Je tarde à ouvrir une chaîne podcast que j’écoute quotidiennement. John Piper, Sally Clarkson ou Beth Moore devraient attendre… car j’avais le goût de silence et de contemplation. Au bout de quelques instants, j’ouvris plutôt une musique qui m’inspira à louer mon Seigneur, si bon pour moi. Je verse même quelques larmes, douces et heureuses. Je ne m’imagine pas que d’autres pleurs couleraient longuement quelques heures plus tard.  

Arrivée au travail, je constate que le stationnement est plein. Une conférence a lieu à nos bureaux et de nombreux pasteurs sont venus y assister. Puisqu’une montagne de neige bloque quelques espaces de stationnement, je gare ma voiture dans la rue, m’assurant de respecter les oh-combien-embêtants panneaux indicateurs. Malgré la quantité de gens qui discutent et affluent cette journée-là, je travaille avec concentration pour terminer plusieurs documents qui serviraient à rassembler les statistiques des différentes Églises. Travaillant à temps partiel, je finis ce qu’il me reste à faire, classe quelques papiers, arrose mes plantes, ferme les lumières et la porte. Ma semaine au bureau est terminée. Il est jeudi, 14 h.

Le soleil brille sous une température douce qui réchauffe les corps après les froids des derniers jours. Je sors du bureau constatant avec joie qu’aucun petit papier n’est accroché à mes essuie-glaces.  Bien excitée, je pars vers le centre-ville de Montréal pour aller chercher trois livres que j’ai réservés à la Grande Bibliothèque. La dernière fois que j’y suis allée seule, j’avais eu beaucoup de difficulté à me trouver du stationnement — la galère de mes visites dans la grande ville. J’avais enfin trouvé « le spot » sur la rue Saint-Denis, juste à côté de ma destination. J’étais donc bien heureuse cette journée-là de savoir exactement où aller.

Je paie le 1,17 $ de stationnement que je sélectionne pour 20 minutes et marche rapidement en direction du grand édifice. En moins de 10 minutes, mes trois livres à la main, je reviens un peu moins rapidement vers ma voiture, anticipant d’heureux moments à lire de vieux romans anglais des années 1800.  Remontant la rue Saint-Denis, un homme arrive vers ma gauche et me demande des sous. Il insiste, mais je lui réponds que je suis désolée de mon refus. Je continue ma route, mais il me suit et me demande de lui acheter un hamburger. Nous sommes devant plusieurs restaurants. Je réponds à la négative plusieurs fois. Me retournant pour aller vers ma voiture, je sens que l’homme s’élance vers moi. Il attrape mon téléphone qui se trouve dans la pochette de mon sac à dos — bien en évidence. Je ne peux pas croire qu’il l’ait pris et que j’aie été assez stupide pour laisser mon téléphone à cet endroit si imprudent! Sortant de mon tempérament plutôt doux, je me tourne vers l’homme pour tenter de reprendre mon téléphone. Je mets ma main dans la poche de son pantalon de type cargo. Je touche à l’étui de l’objet et je tente du mieux que je peux de le reprendre. Se faisant, les pantalons de l’homme se baissent et simultanément, mes livres tombent.

Ses deux incidents me font lâcher prise, ce qui permet à l’homme de prendre le téléphone et de le cacher ailleurs.  Tout en ramassant mes livres rendus sales, je réalise que j’ai mis ma main dans les poches d’un homme désespéré. Je ne veux bien sûr plus retenter le coup! Mon coeur bat plus fort que jamais tout autant que ma frustration. Personne n’ayant été témoin de l’événement; je suis bien embêtée. L’homme reste planté devant moi, niant tous les faits. Un autre homme qui descend la rue, vient à mon secours et demande des explications. Je lui raconte en une phrase ce qui vient de se passer. Le sans-abri rit doucement. Il répond seulement qu’il n’a pas touché à mon téléphone.  

Je demande à l’homme qui me vient en aide s’il a un téléphone lui-même pour que je puisse m’appeler. Il répond que non. Nous tentons d’interpeler des gens pour nous aider, mais personne ne veut s’arrêter. Le coin où nous sommes n’est pas favorable à obtenir du renfort. Le voleur quitte donc en douce.  

Je remercie à profusion l’homme qui a pris le temps de me secourir et je retourne vers ma voiture. En marchant, je commence à paniquer. Restée relativement calme durant cette aventure qui dura cinq minutes, je pers tous mes moyens après avoir barré la porte de ma sécurité. Je démarre au plus vite pour quitter cet endroit. Bien sûr, les larmes commencent à couler et je réalise tout ce qui vient de se passer.

Je suis déçue de ne pas avoir écouté les recommandations de mon mari qui me conseillait souvent de mettre mon téléphone dans un endroit plus sécuritaire. Je suis remplie de confusion et d’émotions. Je suis extrêmement reconnaissante que l’homme n’ait pas été violent avec moi. Je me sens aussi très mal d’avoir refusé d’aider cet homme en détresse, si loin de Dieu. Une grande pitié pour son mal de vivre s’empare de moi. Je réalise la protection du Seigneur sur ma vie, mais aussi je commence à comprendre que ce téléphone renferme tous mes secrets. Mes numéros de carte de crédit, mon adresse, mon compte en banque, etc.

Apercevant une cabine téléphonique, je coupe une voiture et me colle sur le bord de la rue. Je cours pour téléphoner à Jonathan. Je remercie le Seigneur d’avoir un dollar en poche et je compose rapidement l’un des deux seuls numéros que je connais par coeur. Malheureusement, mon mari ne répond pas. Je lui laisse un message, et reprends la route.  Tout au long de mon retour à la maison, je prie. « Seigneur, permets que je ne tue personne entre mes larmes. Aide-moi à retourner chez moi sans GPS à l’heure du trafic. Merci pour ta protection imméritée. »  

Mes larmes de gratitude du matin sont les mêmes qu’à cette heure-là. Plus intenses, mais aussi profondes. Mon Seigneur est vivant et je lui en serai éternellement reconnaissante. Il m’a accompagnée durant cette journée, aux moments les plus doux jusqu’aux plus sombres. 

Photo by Yiran Ding on Unsplash

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