Lorsque j’ai rencontré mon mari, ce ne fut pas l’amour fou. (Phrase choc, hein?) Je n’étais pas indifférente, ni en mauvais termes avec lui, mais mon approche fut plutôt réfléchie. Je ne fus pas attirée par son éloquence ou ses possessions, mais plutôt par ses valeurs et ses qualités. J’appris à le connaître et tranquillement, l’amitié s’installa. Je sais bien que ce n’est pas le processus typique, et que chacun est unique, mais le mien en fut un de réflexion et de prières (et d’un peu d’ « énervation », quand même!).
Il y a 2 événements qui resteront gravés sur les pierres de ma faible mémoire et qui m’ont permis de confirmer que Dieu m’avait enfin dévoilé l’homme de ma vie. Une fameuse semaine en camping avec la famille de Jonathan. Pleine de rebondissements, d’hormones de femme enceinte, de recherche de verre de mer et de chicane de famille, mais aussi de pardon. Cette semaine-là, seule dans ma tente, sur le terrain de ma belle-soeur, j’ai compris que je pourrais résister à toutes les épreuves avec lui. Je me sentais en sécurité. Tranquillement, l’amour s’installa.
Le deuxième élément déclencheur de ma conviction est tout à fait exotique! Dans un camp pour ado, avait lieu la première fois où je l’ai entendu prêché. Il parlait avec clarté, fougue, mais aussi avec beaucoup d’honnêteté, sans flaflas spirituels. J’étais conquise. Un prédicateur, tel Spurgeon, serait mon mari. Je nous voyais déjà, lui prêchant, moi jouant du piano.
Quelques années après ces événements – tout à fait romantiques (AH!) – le prédicateur me plait toujours, mais le travail que représente la prédication n’est pas toujours rose. Je dirais même que certains jours sont remplis de jalousie et de solitude pour moi. Et pour combattre ce sentiment d’être constamment à l’écart devant la tâche immense et impossible que représente l’Église, nous avons trouvé une solution. Afin de survivre aux nombreux soirs seule; au samedi matin avec les enfants sans mari; aux fêtes de famille sans lui; aux lundis de congé (typique des pasteurs) complètement plates, car il revient d’une folie lunaire, ou d’un séjour de 4 jours à Montréal (lorsque nous habitions à Chicoutimi), ou d’un dimanche occupé, nous avons trouvé une solution folle aux yeux de ce monde.
Rester seule dans mon coin et m’affairer à mes projets continuait d’agrandir le trou d’incompréhension entre nous deux. J’ai donc débuté par la prière. Là où tout avait commencé entre nous. J’ai longtemps prié, et je le fais encore, pour l’acceptation du sacrifice, mais aussi pour que je comprenne ce qu’il vit. Je désire participer à ses joies, ses peines, ses frustrations, ses découvertes et cesser de croire en toutes sortes de mensonges. À la suite de mes prières, il est devenu évident pour nous : je devais m’impliquer avec Lui. Travailler ensemble, pour la cause de l’Évangile.
Ce matin là, c’est ce que nous devions faire. Tout était planifié. Charlotte était à l’école, et Rose avec papy et mamy. Mais j’étais marabout. Nous n’avions pas eu le temps de parler ensemble depuis plusieurs jours et je me languissais de connecter émotionnellement avec lui. Nous avons donc travailler, car je suis toujours plus attirée par la tâche que par les relations. Mais juste avant, il pria. Mon attitude s’adouci et après une heure ou deux, il me présenta un tableau que je devais mettre en page pour un cours dont nous préparions le contenu. Un tableau qui décrit les différences entre la religion et l’évangile. Un tableau qui me décrit complètement.
Je suis une religieuse.
Je vous écris cet article non pour démontrer les différences que vivent les femmes de pasteur, mais plutôt pour confirmer une vérité importante : nous sommes toutes pareilles. Nous avons tou(te)s besoin de l’évangile. Même si je ne vis pas le même quotidien que la plupart d’entre-vous, une femme de pasteur n’est pas mieux, ni pire. Elle est égale aux yeux de Dieu et reçoit le même miracle quotidiennement. La grâce du sacrifice de Jésus.
À la fin de notre matinée productive, Jonathan m’a demandé ce qui n’allait pas. Ma réponse se trouve dans la deuxième colonne (celle de la religion), de la quatrième rangée du tableau ci-dessous. Je lui ai carrément lu cette phrase, car elle décrit vraiment bien comment je me sens trop souvent. Je sais que je ne suis pas la seule, alors voilà. Je vous partage cet outil : la religion VS l’évangile.
L’évangile au quotidien est tout ce dont j’ai besoin, femme de pasteur ou pas.
Comments